Guy Gilbert est prêtre-éducateur. Sa mission se trouve dans la rue auprès des loubards.
- « Notre Père
qui es aux cieux... »
- Oui ?
- Qu’est-ce que c’est
?
- Tu m’as appelé
!
- Ah non ! non, non.
Je ne t’ai pas appelé : je prie.... « Notre Père qui
es aux cieux... »
- Là, tu l’as
encore fait ?
- Mais qu’est ce que
j’ai fait ?
- Tu m’as appelé.
Tu as dit : « Notre Père ».
Me voici. A quoi penses-tu
?
- Oh, rien, je...,
à rien du tout, je, je prie. Je ne fais rien de mal, non ?
- Non, continue ta
priere.
- « Que Ton
non soit sanctifié... »
- Que veux tu dire
par là ?
- Eh bien, je veux
dire que..., je ne sais pas, moi, ce que je veux dire, je... ça
fait juste partie de la prière, c’est tout.
- Mon nom est différent
des autres noms.
Mon nom est : «
Je suis » ! Cela ne te dit rien ?
- Non ! J’y avais
jamais vraiment pensé. Mais c’est difficile à comprendre.
« Que Ton règne
vienne, que Ta volonte soit faite sur la terre comme au ciel »
- Que fais-tu pour
que Mon regne vienne ?
- Ce que je fais,
moi ?... Mais, rien du tout... D’ailleurs, il me semble que ce ne serait
pas si mal si Tu venais diriger toutes choses ici-bas, comme Tu les diriges
là-haut !
- Est-ce que Je dirige
ta vie ?
- Eh bien... Je vais
à J'église.. Enfin, à Noël, à Pâques.
Enfin, j'y vais, quoi.
- Tu sais, Mon règne
a déja commencé. Mon royaume est en ceux qui suivent les
traces de Mon Fils. Es-tu sûr de marcher dans Ses pas ?
- Écoute, Seigneur,
je suis aussi bon que toutes ces personnes qui vont à l'église
tous les dimanches.
- Comment veux-tu
que Ma volonté soit faite si ceux qui la demandent ne commencent
pas par l’accomplir?
- Oh, je sais que
j'ai des problèmes. Je suis pas un saint.
- Moi aussi, Je sais.
- Tu sais ? Alors,
Tu sais peut-être que j'aimerais me débarrasser de toutes
ces choses qui me gênent et qui m'empêchent d'être vraiment
libre !
- Bien! Mais avançons:
nous allons travailler ensemble toi et Moi et vivre un «Notre Père»
vivant et pas récité.
- Eh non, ce soir
ça va beaucoup trop loin et puis ça prend trop de temps...
- Continue.
- «Donne-nous
notre pain de ce jour»
- Pries-tu chaque
jour ? Prends-tu un moment dans chacune de tes 24 heures pour Moi ? C'est
ça le pain du jour : l'amour que tu Me demandes de te donner pour
aujourd'hui.
- Ah bon !
- Prier est un acte
dangereux. Tu pourrais finir par etre changé, tu sais. Mais
tu n’as pas fini avec ta prière. Continue... Eh bien, continue !...
- J'peux pas.
- Tu as peur ?
- Je sais ce que Tu
vas me dire.
- Essaie donc tu verras...
- ... «Pardonne-nous
nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offenses
»
- Tu penses à
ceux qui t'ont fait du mal ?
- Voilà, je
savais que Tu allais me parler d'eux. Mais Seigneur, ils m'ont fait beaucoup
de mal, Tu comprends ? Et moi, j'ai juré de me venger...
- Et ta prière
?
- Ça, c'est
une question d'habitude, c'est tout.
- Tu es franc, au
moins. Mais c'est pas facile de porter la haine en soi, n'est-ce pas ?
- Ah non, ce n'est
pas facile. Mais je vais te dire: une fois que je me serai vengé,
j'irai beaucoup mieux.
- Ça n'ira
pas mieux, au contraire. Tu es déjà tellement triste... Je
peux changer tout ça.
- Toi... Toi, Tu peux
? Et comment ?
- Pardonne-leur comme
un jour, Moi, J’ai pardonné.
- Non, Seigneur, je
ne peux pas leur pardonner, vraiment je ne peux pas...
- Que dirais-tu dans
ta prière ?
- ... Je vais essayer
de leur pardonner. Tu pourrais peut-être essayer de leur parler à
eux aussi. Je ne sais pas si eux Te prient chaque matin.
- Ca c’est leur problème,
Finis ta prière.
- « Ne nous
soumets pas à la tentation... Mais délivre-nous du Mal. »
Amen.
- Ce mot veut dire
que tout ce que tu me demandes, je te l’accorderai absolument. A condition
que tu ne récites pas machinalement la plus belle prière
que Mon Fils t’a laissée. Mets tout ton coeur dans chaque mot et
vis-les.
- Salut, A demain
!